Dans le journal Le Monde daté du 23 mars, Claire Guélaud signe un papier titré « L'économie française est à l'arrêt depuis 2 ans. »

Je trouve cette expression totalement inadaptée. On aurait pu éventuellement parler de « croissance de l'économie française à l'arrêt depuis 2 ans », mais en aucun cas l'économie française n'est à l'arrêt. En effet, malgré la faible croissance de ces deux dernières années, le PIB de la France est à peu près à son niveau record d'avant crise, en 2007.

Si on comparait l'économie française à une voiture de course, et que celle-ci atteignait progressivement les 300 km/h, puis stagnait à cette vitesse, dira-t-on que cette voiture est à l'arrêt ? Bien sûr que non.

Ce qui pose question, c'est pourquoi notre système économique est si peu résistant ? Au moindre arrêt de sa croissance, il génère dérapages budgétaires et chômage. C'est un peu comme si notre voiture de course partait obligatoirement en tête à queue dès qu'elle arrête d'accélérer. Hors, toute personne saine d'esprit sait qu'une voiture ne peut pas accélérer en permanence.

Ce genre d'expression « économie à l'arrêt » participe au véritable « matraquage politico-médiatique » de la nécessité de la sacro-sainte croissance qui réglera tous nos problèmes, alors qu'il est au contraire urgent de sortir de ce mythe de la croissance infinie. La lecture du rapport du club de Rome de 1972 qui concerne les limites de la croissance (qui a été réactualisé en 2004) peut ouvrir l'esprit sur cette réalité physique, qui devrait logiquement faire consensus aussi bien à gauche qu'à droite si les journalistes et politiciens prenaient la peine d'aller au delà de leurs idées préconçues. En effet, les faits scientifiques ne sont ni de droite, ni de gauche. Un journal comme Le Monde devrait ouvrir le débat sur ce sujet, et non le fermer, comme c'est le cas actuellement...